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le pégé-long, aux fleurs écarlates ! Nous t’aimons, ô Médéric, parce que tu ne vas voir jouer aucune féerie chinoise, et que tu n’achètes pas de thé à la Porte Chinoise !

Et au bruit perçant du tam-tam, une jeune Chinoise, peinte à la gouache sur du papier brun, disait à Médéric :

— Vois mes yeux pareils à des oiseaux, ma bouche qui a l’air d’un gros bouton de rose, et mes ongles plus lumineux que les étoiles, plus doux que les plumes du paon !

Mais au moment où la jeune Kia allait oublier, en pinçant du lutchun à treize cordes, que la pudeur est la première vertu des femmes chinoises, le coucou de Nuremberg se mit à sonner huit heures du soir avec un effroyable carillon de sonneries et de sonnettes. Et aussitôt seize portes, comme à toutes les heures, s’ouvrirent dans le coucou prodigieux, et par ces portes s’élancèrent les oiseaux de bois, blancs et rouges, qui chantent mieux que les rossignols, les petits soldats qui montent la garde, les chemins de fer avec les wagons en mouvement, la petite sainte qui joue de la viole, et l’empereur Frédéric Barberousse.

Et quand tout ce monde-là eut défilé bien en ordre et gentiment sa petite parade, une porte plus grande que les autres s’ouvrit violemment, et par cette porte sortit, comme d’habitude, le bon Suisse, qui est le roi du coucou de Médéric.

Le bon Suisse du coucou de Médéric a de petits yeux gris, un nez écarlate, des joues écarlates, un chapeau très-bas de forme, un habit bleu boutonné, un gilet vert-bouteille, et des mains de fantaisie. Ses souliers sont vernis, son habit bleu est verni, son chapeau est verni, son nez écarlate et ses joues écarlates sont vernis. Le bon Suisse est parfaitement verni et brille comme une paire de bottes neuves.