Page:Banville - La Lanterne magique, 1883.djvu/23

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les maux et les désastres seront guéris, et que nulle douleur n’aura crié en vain. Mais va-t’en vite inspirer de bonnes pensées à la mère du pauvre être ingénu qui se plaignait tout à l’heure. Je tiens beaucoup à ce que ce petit enfant de Moulins ait son polichinelle ? »


II. — MONSIEUR LE SOLEIL

Au milieu d’un éblouissement de rayonnante fournaise, monsieur le Soleil s’apprête à monter dans son carrosse de topaze dont la portière est déjà ouverte, et dont les chevaux orangés, toujours cabrés, jettent par les naseaux des fusées de lumière et de perles. Il est vêtu en général romain, avec la fauve cuirasse aux ornements gaufrés, la ceinture au large nœud, les flamboyants lambrequins à franges au haut desquels brille une figurine d’Hercule, l’épée, le coutelas, et les chaussures de peau de lion à semelles épaisses, qui laissent passer le bout de ses pieds nus.

Sur sa flottante perruque de flamme est posé très haut un laurier de rubis d’où tombent de longs rubans de braise rose, et son visage d’or que coupe au-dessus de la lèvre la toute petite moustache droite, comme dessinée à la plume, s’encadre dans une cravate en dentelle de feu.

À quelques pas, dans un autre carrosse, on voit vague-