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22. — ALPHONSINE

Avant de jouer la comédie au Petit-Lazari, elle était gardienne de joujoux chez un marchand de joujoux. Un jour, en rentrant chez lui, le marchand vit que la maîtresse des poupées était devenue poupée aussi. Une belle bouche souriante peinte au vermillon, un joli petit nez de poupée tout retroussé, des bras énormes, terribles, une perruque blonde ! Fou d’étonnement, le marchand donna un coup de couteau à Alphonsine, et de la blessure il sortit du beau son jaune ! Alphonsine est redevenue femme ; son nez à la Marton, sa lèvre stupéfaite et ses joues folles se moquent gaiement de son teint d’ambre et de sa chevelure noire. Au théâtre, sous la perruque blonde, elle redevient elle-même. Quand le chant la fatigue, vous la voyez porter la main à son cœur : c’est qu’elle souffre du coup de couteau que lui a donné en plein cœur l’imbécile fabricant de joujoux, dans le temps où elle était poupée !


23. — MICHELET

Celui-ci est un homme, une conscience. Quelle vie, quelle animation, quelle flamme dans ce visage maigre,