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gammes très-claires, prouve bien, par la mâle et persistante vigueur qu’elle exprime, que la Couleur n’est qu’une harmonie. En effet, sans un seul ton violent, avec ces épais sourcils pâles, ces yeux et cette bouche pâles aussi, il ne lui manque rien pourtant pour affirmer la vie et la force créatrice. Toutes ces blancheurs sont parées à merveille par l’ample habit noir sur lequel brillent des plaques de diamants.


16. — AMÉDINE LUTHER

Un or si doux, jaune, vivant, frissonnant, d’une couleur qu’on ne retrouvera plus jamais, encadrait et ornait son riant visage tout éclairé des plus belles joies enfantines. Oui, elle était l’enfant, la fillette, le baby que la pensée du rêveur Musset caresse en ses comédies poétiques. Et c’était cette beauté délicieuse et tendre dont on sait gré à celles qui la possèdent, comme d’un bienfait qu’elles vous accordent. Tout cela, blanches neiges, roses fleuries, était d’une nature éthérée : pourtant, que ce petit nez hardi et droit, que ces yeux brillants sous les sourcils droits bien fournis et plus foncés que les cheveux, que la petite bouche aux lèvres bien dessinées et d’un rose exalté disaient bien une âme d’héroïne !

— Elle était séparée en simples bandeaux plats sur le petit front large et puissant, et, dans cette simple allure,