Page:Banville - La Lanterne magique, 1883.djvu/218

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


14. — GEORGE ALINE, TRAVESTIE

Désespérée comme la Vie, avec ses yeux tristes sous d’épais sourcils, ses joues allongées et un peu creusées sous ses cheveux noirs coupés courts, cette chanteuse de café-concert, habillée en homme depuis dix ans, ne sait plus si elle est femme, et son pâle visage, profondément résigné, raconte toutes les mystérieuses angoisses parisiennes. Ses dents étroites, blanches, trop transparentes, sont, comme celles de Frisette, piquées de quelques points noirs, et il le faut, car c’est un signe !


15. — AUBER

Après qu’on a vu ce fier visage où se lisent encore l’amour de la lutte et tous les nobles appétits, on comprend combien il est absurde de dire que les grands hommes doivent mourir jeunes, car leur ferme et sereine vieillesse peut avoir la splendeur d’une nuit paisible ! Cette tête d’une grâce si séduisante en sa pâleur de marbre, avec ses yeux clairs, le nez aminci, les légers cheveux blancs, la bouche longue et fine dont l’âge a un peu aplati les contours, et tout entière colorée dans les