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SŒUR SÉRAPHINE


Dans ce vieux couvent plein de silence et d’espace
Où le temps, comme un flot très pur, s’écoule et passe,
Et doucement ruisselle entre des bords connus ;
Dans ce couvent, où les souvenirs ingénus
Se figent lentement, comme des stalactites,
Sœur Séraphine fait la classe des petites.
Or elle enseigne ces enfants si doucement,
Une telle indulgence orne son front charmant,
Que toutes avec joie écoutent sa parole,
Et sa bouche, entr’ouverte ainsi qu’une corolle,
Ne montrant pas d’orgueil ni de sévérité,
Comme un limpide flot répand la vérité.
Elle est naïve, heureuse, innocente, ignorante ;
L’éclat du lys fleurit dans sa chair transparente,