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presque courte et d’un jet si rebelle, donnait à son visage césarien une sauvagerie charmante ; les souffrances, les travaux, qui ont dénudé son front, n’ont pu ôter à ses traits le grand caractère que leur conservent encore une pâleur mate, un menton d’une fière ligne romaine et le regard de feu. On se demande quel nuage obstiné voile ce masque fiévreux, éloquent, mobile et d’une vie si intense ; mais quelle tristesse ne doit pas séjourner dans l’âme d’un artiste merveilleux, qui, après avoir peint là-bas tant de chefs-d’œuvre pour les princes d’Orléans, n’a pu retrouver au retour son rang et sa place, même après les plaidoyers passionnés qu’a, dix fois de suite, écrits à sa louange le maître glorieux, le juge impeccable, Théophile Gautier !