Page:Balzac - Contes drolatiques.djvu/614

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
586
CONTES DROLATIQUES.

s’adonneroyt à Dieu, veu que elle n’avoyt oncques esté satisfaicte d’aulcun homme, encores que elle en eust veu moult, pour ce que tous, voire ung petit prebstre que elle avoyt adoré comme chaase, l’avoyent truphée, tandis que Dieu ne la trupheroyt poinct. Ceste résolution feit trembler ung chascun, car elle estoyt la ioye d’ung nombre infiny de seigneurs. Aussy s’abordoyt-on dedans les rues de Rome, se disant : « Où en est madame Impéria ? va-t-elle desnuer le monde d’amour ? » Aulcuns ambassadeurs en escripvirent à leurs maistres. L’empereur des Romains feut moult marry, pour ce que il avoyt baudouiné, comme ung fol, durant unze semaines, avecques madame Impéria, ne l’avoyt laissée que pour aller en guerre, et l’aymoyt encores comme son plus prétieux membre, qui, pour luy, maulgré l’advis de ses courtizans, estoyt l’œil, pour ce que, suyvant son dire, il estreingnoyt toute sa chière Impéria. En ceste extresmité, le Pape feit venir ung médecin hespaignol et le conduisit à la belle Impéria, lequel prouva fort habilement, par raisons déduictes et aornées de cita-