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PROLOGUE.

ques laquelle il déduict ces dessus dicts Contes, ains se laisse blasmer, aille tousiours à ses fins, veu que la noble France est une femelle qui se refuse à ce que vous scavez, criant, se tordant, disant : « Non, non, iamais ! Hé ! monsieur, que allez-vous faire ? Ie ne sçaurois, vous me guasteriez. » Puis, alors que le Dixain est faict et parfaict en toute gentillesse, reprend : « Hé ! mon maistre, y en aura-t-il encores d’aultres ! » Comptez-en dà l’Autheur pour ung bon compaignon, qui ne s’effarouche mie des crys, pleurs et tortillemens de la dame que vous nommez Gloire, Mode ou Faveur publicque, veu que il la sçait très-pute et de nature à s’accommoder d’ung beau viol. Il sçayt qu’en France son cry de guerre est : Mont-Ioye ! Un beau cry, cuydez-le, mais que aulcuns escripturiers ont défiguré et qui signifie : La ioye n’est pas à terre, elle est là ; faictes vivement, sinon adieu ! L’Autheur tient ceste signifiance de Rabelais, qui la luy ha dicte. Si vous fouillotez l’histoire, la France ha-t-elle iamais soufflé mot alors que elle estoyt ioyeulsement montée, bravement, montée raigeusement montée, esraument montée ? Elle est furieuse à tout et se plaist aux chevaulchées par-dessus le boire. Hein ! ne voyez-vous point que ces Dixains sont françoys par la ioye, françoys par la chevaulchée, françoys devant, françoys derrière, françoys partout ? Arrière doncques, mastins, sonnez les musicques, silence, cagots ; advancez, messieurs les ribaulds ! mes mignons paiges, baillez vostre doulce main en la main des dames, et grattez-les au mitan, ie dis la main ! Ha ! ha ! cecy sont raisons ronflantes et péripatheticiennes, où l’Autheur ne se cognoyst point en ronflemens ne aristotelisme. Il ha pour luy l’escu de France, l’oriflamme du Roy et Monsieur sainct Denys, lequel estant sans teste ha dict : « Monte-ma-Ioye. » Direz-vous, quadrupèdes, que cettuy mot est faulx ? Non. Il ha esté