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LE SUCCUBE.

de Maillé, lequel, par nous révérencieusement prié d’esclairer la religion de l’Ecclise, ha respondu le bien vouloir et ha, d’abundant, engagié sa foy de preux chevalier de ne rien dire aultre chouse que ce qu’il ha veu.

Lors, ha dict avoir cogneu en l’armée des Croisez le démon dont s’agit. Puis, en la ville de Damas, ha veu le sieur de Bueil deffunct se battre en champ clouz pour en estre l’unicque tenant. La dessus dicte gouge ou démon appartenoyt en cettuy temps au sire Geoffroy IV, seigneur de la Roche-Pozay, lequel souloyt dire l’avoir amenée de Touraine, encores que elle feust Sarrazine ; ce dont les chevaliers de France s’estomiroyent moult, autant que de sa beaulté, qui faisoyt grant bruit et mille scandaleux ravaiges au camp. Durant le voyaige, ceste gouge feut occasion de plusieurs meurtres, veu que la Roche-Pozay avoyt ià desconfict aulcuns Croisez qui soubhaitoyent la guarder à eulx seuls, pour ce que elle donnoyt, suyvant certains seigneurs guerdonnez en secret par icelle, des ioyes à nulles aultres pareilles. Mais finablement le sire