Page:Balzac - Contes drolatiques.djvu/358

Cette page a été validée par deux contributeurs.
330
CONTES DRÔLATIQUES.

Roy, mit la main sur son espée, et en serroyt la coquille à faire paour), il se feit une feste ez grainiers à laquelle ne sçauroyent se comparer aulcuns festoyemens et gala de Court que vous cognoissiez, voire mesme celluy du Drap d’or. En tous les coins se rigolloyent les souriz. Partout ce estoyent des dances de toutes sortes, concerts, beuvettes, apprests, sarabandes, musicques, chants ioyeux, épithalames. Les rats avoyent desfoncé les pots, descouvert les iarres, abattu des dames-ieannes, deffagotté les réserves. Et si, voyoyt-on des fleuves de moustarde, des iambons deschicquetez, des taz esparpillez. Tout couloyt, fluoyt, pissoyt, rouloyt, et les petits rats barbottoyent dedans les ruisseaulx de saulce verte. Les souriz naviguoyent sur des sucreries, les vieulx convoyoyent les pastez. Il y avoyt des fouynes à cheval ez langues de bœuf salées. Aulcuns mulots nageoyent dedans les pots, et les plus rusez voituroyent le bled en leurs trous espéciaulx, prouffictant du tracas de la feste pour se fournir amplement. Personne ne passoyt devant le coingtinact d’Orléans sans le saluer d’ung coup de dent, et souvent de deux. Enfin ce estoyt ung train de carnaval romain. Brief, qui eust eu l’aureille fine eust entendu le frifri des leschefrites, les crys et clameurs des cuisines, pestillemens des fourneaux, le panpan des mortiers, le glouglou des marmites, le hinhin des tourne-brosche, le hanecquinaige des paniers et corbeilles, le froufrou des pastisseries, le cliquetis des broches et les petits pieds trottant dru comme gresle sur les planchiers. Ce estoyent des nopces affairées, des allées et venues de tous les gens ayant charge en la maison, gens de