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LES BONS PROUPOS
DES RELIGIEUSES DE POISSY



L’abbaye de Poissy ha esté célébrée par les vieulx autheurs comme ung lieu de liesse, où les desportemens des nonnains prindrent commencement et d’où tant de bonnes histoires procédèrent pour apprester à rire aux laïcques aux despens de nostre saincte religion. Aussy la dessus dicte abbaye est-elle devenue matière à proverbes que aulcuns sçavans ne comprennent plus de nos iours, quoique ils les vannent et concassent de leur mieulx pour les digérer.

Si vous demandiez à ung d’eulx ce que sont les olives de Poissy, gravement il respondroyt que ce est une périphrase en l’endroict des truffes, et que la manière de les accommoder, dont on parloyt en se gaussant iadis de ces vertueuses filles, debvoyt comporter une saulce espéciale. Voilà comme ces plumigères rencontrent vray une foys sur cent. Pour en revenir à ces bonnes recluses, il estoyt dict, en riant s’entend, que elles aymoyent mieulx treuver une pute qu’une femme de bien en leurs chemises. Aulcuns aultres raillards leur reprouchoyent d’imiter la vie des sainctes à leur méthode, et disoyent-ils que de la Marie Ægyptiacque elles n’existimoyent que sa fasson de payer les bateliers. D’où la raillerie : Honorer les saincts à la mode de