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CONTES DRÔLATIQUES.

au lict de l’advocat et restoyt devant le foyer, chauffant son ire et son cas. Le bon mary, tout estonné, vint ployer les genoilz devant elle, en la conviant à la iolie bataille des premières armes ; mais elle ne sonna mot ; et, quand il tentoyt de lui lever la cotte, affin seulement de veoir ung petit ce qui si chier lui coustoyt, elle luy donnoyt ung coup de main à luy casser les os et se tenoyt muette. Ce ieu plaisoyt à mon dict advocat, lequel cuydoyt veoir la fin de ce par la chouse que vous sçavez ; et il iouoyt en bonne fiance, attrapant de bons coups de sa sournoyse. Mais tant de hucher, tant de tortiller, tant de l’assaillir, il deffeit ores une manche, ores deschira la iuppe, et coula sa main au but mignon de fischerie, forfaict dont la belle fille gronda, se dressant en pieds, puis, tirant le poignard du Roy :

— Que voulez-vous de moy ? lui dit-elle.

— Ie veulx tout ! feit-il.

— Ha ! ie seroys une grant pute que de me donner à contrecueur. Si vous avez cuydé trouver ma virginité désarmée, vous errez fort. Vécy le poignard du Roy, dont ie vous tue, si vous faictes mine de m’approucher.

Cela dict, elle print ung charbon, en ayant tousiours l’œil au procureur ; puis, escripvant une raye sur le planchier, elle adiouxta :