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dissimulons ; on conviendra au moins que s’il employait au bien les exquises perfections dont il fait ses complices, le voleur serait un être extraordinaire, et qu’il n’a tenu qu’à un fil qu’il devînt un grand homme.

Quel est donc cet obstacle ? ne serait-ce pas que ces gens-là, sentant en eux une grande supériorité, ayant aussi un penchant extrême à l’indolence, effet ordinaire des talens ; se trouvant d’ailleurs dans la misère, mais conservant une audace effrénée dans les désirs, attribut du génie ; nourrissant des haines fortes contre la société qui méprise leur pauvreté ; ne sachant pas se contenir par suite de leur force de caractère ; et secouant toutes les chaînes et tous les devoirs ; voient dans le vol un moyen prompt d’acquérir. Entre l’objet désiré avec ardeur et la possession, ils n’aperçoivent plus rien, et se plongent avec délices dans le mal, s’y établissent,