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galères, revint tout récemment à cent vingt-un ans dans son pays.

Il ne reconnut Bourg, sa patrie, dans le département de l’Ain, qu’à l’église de Brou : il accourait avec délices respirer l’air natal.

Il avait triomphé des lois, des fers, des hommes, du temps, de tout.

C’était un voleur privilégié de la nature.

Il ne retrouva ni parents, ni amis : ce fut un nouvel Épiménide.

Tout étonné de marcher en liberté, il allait recueillant les hommages dus à ses cheveux blancs, et ne se souvenait plus de son crime que comme d’un songe perdu dans ceux de son enfance.

Il trouva sa postérité morte ; et lui, criminel, était encore debout sur la terre pour être une preuve vivante de la clémence humaine et divine.

Il regretta peut-être ses fers, dut se plaindre de n’avoir pas sa chaîne. Ce patriarche des voleurs, leur portrait idéal, leur gloire, vit encore ; on va consulter