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en devinant qu’il surgissait quelques difficultés, et il demanda par un geste à son fils, à sa belle-fille et à Pons de le laisser avec le futur.

— Voilà ce chef-d’œuvre ! dit le vieux marchand de soieries en montrant l’éventail.

— Cela vaut cinq mille francs, répondit Brunner après l’avoir contemplé.

— N’étiez-vous pas venu, monsieur, reprit le futur pair de France, pour demander la main de ma petite-fille ?

— Oui, monsieur, dit Brunner, et je vous prie de croire qu’aucune alliance ne peut être plus flatteuse pour moi que celle-là. Je ne trouverai jamais une jeune personne plus belle, plus aimable, qui me convienne mieux que mademoiselle Cécile ; mais…

— Ah ! pas de mais, dit le vieux Camusot, ou voyons sur-le-champ la traduction de vos mais, mon cher monsieur…

— Monsieur ! reprit gravement Brunner, je suis bien heureux que nous ne soyons engagés ni les uns ni les autres, car la qualité de fille unique, si précieuse pour tout le monde, excepté pour moi, qualité que j’ignorais, croyez-moi, est un empêchement absolu…

— Comment, monsieur, dit le vieillard stupéfait, d’un avantage immense, vous en faites un tort ? Votre conduite est vraiment extraordinaire, et je voudrais bien en connaître les raisons.

— Monsieur, reprit l’Allemand avec flegme, je suis venu ce soir ici avec l’intention de demander, à monsieur le président, la main de sa fille. Je voulais faire un sort brillant à mademoiselle Cécile en lui offrant tout ce qu’elle eût consenti à accepter de ma fortune ; mais une fille unique est un enfant que l’indulgence de ses parents habitue à faire ses volontés, et qui n’a jamais connu la contrariété. Il en est ici comme dans plusieurs familles, où j’ai pu jadis observer le culte qu’on avait pour ces espèces de divinités : non-seulement votre petite-fille est l’idole de la maison, mais encore madame la présidente y porte les… vous savez quoi ! Monsieur, j’ai vu le ménage de mon père devenir par cette cause, un enfer. Ma marâtre, cause de tous mes malheurs, fille unique, adorée, la plus charmante des fiancées, est devenue un diable incarné. Je ne doute pas que mademoiselle Cécile ne soit une exception à mon système, mais je ne suis plus un jeune homme, j’ai quarante ans, et la différence de nos âges entraîne des difficultés qui ne me permettent pas de rendre heureuse une jeune personne habituée à voir faire à madame la présidente toutes ses volontés, et que madame la pré-