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viendrez avec notre cousin Pons à l’heure du dîner ; monsieur le président sera charmé de faire votre connaissance… — Merci, cousin. Elle pressa le bras de Pons d’une façon tellement significative, que la phrase sacramentelle : « C’est entre nous à la vie à la mort ! » n’eût pas été si forte. Elle embrassa Pons par l’œillade qui accompagna ce « Merci, cousin ».

Après avoir mis la jeune personne en voiture, et quand le coupé de remise eut disparu dans la rue Charlot, Brunner parla bric-à-brac à Pons qui parlait mariage.

— Ainsi, vous ne voyez pas d’obstacle ?… dit Pons.

— Ah ! répliqua Brunner ; la petite est insignifiante, la mère est un peu pincée… nous verrons.

— Une belle fortune à venir, fit observer Pons. Plus d’un million…

— À lundi ! répéta le millionnaire. Si vous vouliez vendre votre collection de tableaux, j’en donnerais bien cinq à six cent mille francs…

— Ah ! s’écria le bonhomme qui ne se savait pas si riche ; mais je ne pourrais pas me séparer de ce qui fait mon bonheur… Je ne vendrais ma collection que livrable après ma mort.

— Eh bien ! nous verrons…

— Voilà deux affaires en train, dit le collectionneur qui ne pensait qu’au mariage.

Brunner salua Pons et disparut, emporté par son brillant équipage. Pons regarda fuir le petit coupé sans faire attention à Rémonencq qui fumait sa pipe sur le pas de la porte.

Le soir même, chez son beau-père que la présidente de Marville alla consulter, elle trouva la famille Popinot. Dans son désir de satisfaire une petite vengeance bien naturelle au cœur des mères, quand elles n’ont pas réussi à capturer un fils de famille, madame de Marville fit entendre que Cécile faisait un mariage superbe. — Qui Cécile épouse-t-elle donc ? fut une demande qui courut sur toutes les lèvres. Et alors, sans croire trahir ses secrets, la présidente dit tant de petits mots, fit tant de confidences à l’oreille, confirmées par madame Berthier d’ailleurs, que voici ce qui se disait le lendemain dans l’empyrée bourgeois où Pons accomplissait ses évolutions gastronomiques.

Cécile de Marville se marie avec un jeune Allemand qui se fait banquier par humanité, car il est riche de quatre millions ; c’est