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nir à ta vieille Adeline, à cette urne lacrymale, car il a dû te le dire, le monstre, il veillera jour et nuit sur moi ; il a parlé de commissaire de police ! Ne viens pas ! je comprends qu’il est capable de tout, du moment où il faisait de moi la plus ignoble des spéculations. Aussi voudrais-je pouvoir te rendre tout ce que je tiens de tes générosités. Ah ! mon bon Hector, j’ai pu coqueter, te paraître légère, mais tu ne connaissais pas ta Valérie ; elle aimait à te tourmenter, mais elle te préfère à tout au monde. On ne peut pas t’empêcher de venir voir ta cousine, je vais combiner avec elle les moyens de nous parler. Mon bon chat, écris-moi de grâce un petit mot pour me rassurer, à défaut de ta chère présence… (oh ! je donnerais une main pour te tenir sur notre divan). Une lettre me fera l’effet d’un talisman ; écris-moi quelque chose où soit toute ta belle âme ; je te rendrai ta lettre, car il faut être prudent, je ne saurais où la cacher, il fouille partout. Enfin, rassure ta Valérie, ta femme, la mère de ton enfant. Être obligée de t’écrire, moi qui te voyais tous les jours. Aussi dis-je à Lisbeth : Je ne connaissais pas mon bonheur. Mille caresses, mon chat. Aime bien

» Ta Valérie. »


— Et des larmes !… se dit Hulot en achevant cette lettre, des larmes qui rendent son nom indéchiffrable. — Comment va-t-elle ? dit-il à Reine.

— Madame est au lit, elle a des convulsions, répondit Reine. L’attaque de nerfs a tordu madame comme un lien de fagot, ça l’a prise après avoir écrit. Oh ! c’est d’avoir pleuré… L’on entendait la voix de monsieur dans les escaliers.

Le baron, dans son trouble, écrivit la lettre suivante sur son papier officiel, à têtes imprimées :


« Sois tranquille, mon ange, il crèvera sous-chef ! Ton idée est excellente, nous nous en irons vivre loin de Paris, nous serons heureux avec notre petit Hector ; je prendrai ma retraite, je saurai trouver une belle place dans quelque chemin de fer. Ah ! mon aimable amie, je me sens rajeuni par ta lettre ! Oh ! je recommencerai la vie, et je ferai, tu le verras, une fortune à notre cher petit. En lisant ta lettre, mille fois plus brûlante que celles de la Nouvelle Héloïse, elle a fait un miracle : je ne