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montrer à son mari dans la situation la plus désavantageuse qu’elle pourra imaginer.

C’est au moyen des rigueurs de ce système qu’elle essaiera de vous chasser du lit conjugal. Madame Shandy n’entendait pas malice en prévenant le père de Tristram de remonter la pendule, tandis que votre femme éprouvera du plaisir à vous interrompre par les questions les plus positives. Là, où naguère était le mouvement et la vie, là est le repos et la mort. Une scène d’amour devient une transaction long-temps débattue et presque notariée. Mais ailleurs, nous avons assez prouvé que nous ne nous refusions pas à saisir le comique de certaines crises conjugales, pour qu’il nous soit permis de dédaigner ici les plaisantes ressources que la muse des Verville et des Martial pourrait trouver dans la perfidie des manœuvres féminines, dans l’insultante audace des discours, dans le cynisme de quelques situations. Il serait trop triste de rire, et trop plaisant de s’attrister. Quand une femme en arrive à de telles extrémités, il y a des mondes entre elle et son mari. Cependant, il existe certaines femmes à qui le ciel a fait le don d’agréer en tout, qui savent, dit-on, mettre une certaine grâce spirituelle et comique à ces débats, et qui ont un bec si bien affilé, selon l’expression de Sully, qu’elles obtiennent le pardon de leurs caprices, de leurs moqueries, et ne s’aliènent pas le cœur de leurs maris.

Quelle est l’âme assez robuste, l’homme assez fortement amoureux, pour, après dix ans de mariage, persister dans sa passion, en présence d’une femme qui ne l’aime plus, qui le lui prouve à toute heure, qui le rebute, qui se fait à dessein aigre, caustique, malade, capricieuse, et qui abjurera ses vœux d’élégance et de propreté, plutôt que de ne pas voir apostasier son mari ; devant une femme qui spéculera enfin sur l’horreur causée par l’indécence ?

Tout ceci, mon cher monsieur, est d’au tant plus horrible que :


XCII.

Les amants ignorent la pudeur.


Ici nous sommes parvenus au dernier cercle infernal de la divine comédie du mariage, nous sommes au fond de l’enfer.

Il y a je ne sais quoi de terrible dans la situati