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vertu, sans sexe.


LXXXVIII.

Une femme qui vit de la tête, tâchera d’inspirer à un mari de l’indifférence ; la femme qui vit du cœur, de la haine ; la femme passionnée, du dégoût.


LXXXIX.

Un mari ne risque jamais rien de faire croire à la fidélité de sa femme, et de garder un air patient ou le silence. Le silence surtout inquiète prodigieusement les femmes.


XC.

Paraître instruit de la passion de sa femme est d’un sot ; mais feindre d’ignorer tout, est d’un homme d’esprit, et il n’y a guère que ce parti à prendre. Aussi dit-on qu’en France tout le monde est spirituel.


XCI.

Le grand écueil est le ridicule. — Au moins aimons-nous en public ! doit être l’axiome d’un ménage. C’est trop perdre que de perdre tous deux l’honneur, l’estime, la considération, le respect, tout comme il vous plaira de nommer ce je ne sais quoi social.

Ces axiomes ne concernent encore que la lutte. Quant à la catastrophe elle aura les siens.




Nous avons nommé cette crise guerre civile par deux raisons : jamais guerre ne fut plus intestine et en même temps plus polie que celle-là. Mais où et comment éclatera-t-elle cette fatale guerre ?

Hé ! croyez-vous que votre femme aura des régiments et sonnera de la trompette ? Elle aura peut-être un officier, voilà tout. Et ce faible corps d’armée suffira pour détruire la paix de votre ménage.

— Vous m’empêchez de voir ceux qui me plaisent ! est un exorde qui a servi de manifeste dans la plupart des ménages. Cette phrase et toutes les idées qu’elle traîne à sa suite, est la formule employée le plus souvent par des femmes vaines et artificieuses.

Le manifeste le plus général est celui qui se proclame au lit conjugal, principal théâtre de la guerre. Cette question sera traitée particulièrement dans la Méditation intitulée : De