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de votre femme, comme celle de la Bourse donne la mesure du degré de confiance obtenu par le gouvernement.

En effet, pendant les premières années de votre mariage, votre femme se piquera de vous donner du luxe et de la satisfaction pour votre argent.

Elle instituera une table opulemment servie, renouvellera le mobilier, les équipages ; aura toujours dans le tiroir consacré au bien-aimé une somme toute prête. Eh ! bien, dans les circonstances actuelles, le tiroir sera très-souvent vide, et monsieur dépensera beaucoup trop. Les économies ordonnées par la Chambre ne frappent jamais que sur les commis à douze cents francs ; or, vous serez le commis à douze cents francs de votre ménage. Vous en rirez, puisque vous aurez amassé, capitalisé, géré, le tiers de votre fortune pendant long-temps ; semblable à Louis XV qui s’était fait un petit trésor à part, en cas de malheur, disait-il.

Ainsi votre femme parle-t-elle d’économie, ses discours équivaudront aux variations de la cote bursale. Vous pourrez deviner tous les progrès de l’amant par les fluctuations financières, et vous aurez tout concilié : E sempre bene.

Si, n’appréciant pas cet excès de confiance, votre femme dissipait un jour une forte partie de la fortune, d’abord, il serait difficile que cette prodigalité atteignît au tiers des revenus gardés par vous depuis dix ans ; mais ensuite, la Méditation sur les Péripéties vous apprendra qu’il y a dans la crise même amenée par les folies de votre femme d’immenses ressources pour tuer le Minotaure.

Enfin le secret du trésor entassé par vos soins ne doit être connu qu’à votre mort ; et si vous aviez besoin d’y puiser pour venir au secours de votre femme, vous serez censé toujours avoir joué avec bonheur, ou avoir emprunté à un ami.

Tels sont les vrais principes en fait de budget conjugal.

La police conjugale a son martyrologe. Nous ne citerons qu’un seul fait, parce qu’il pourra faire comprendre la nécessité où sont les maris qui prennent des mesures si acerbes de veiller sur eux-mêmes autant que sur leurs femmes.

Un vieil avare, demeurant à T…, ville de plaisir, si jamais il en fut, avait épousé une jeune et jolie femme ; et il en était tellement