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cette créature dont l’âme est tour à tour aussi mobile que l’eau, aussi ferme que l’acier, qu’il vous est défendu par l’importance de votre travail de quitter votre cabinet.

Mais aussitôt que votre femme aura mis le pied dans la rue, si elle va à pied, ne lui donnez pas le loisir de faire seulement cinquante pas ; soyez sur ses traces, et suivez-la sans qu’elle puisse s’en apercevoir.

Il existe peut-être des Werther dont les âmes tendres et délicates se révolteront de cette inquisition. Cette conduite n’est pas plus coupable que celle d’un propriétaire qui se relève la nuit, et regarde par la fenêtre pour veiller sur les pêches de ses espaliers. Vous obtiendrez peut-être par là, avant que le crime ne soit commis, des renseignements exacts sur ces appartements que tant d’amoureux louent en ville sous des noms supposés. Si par un hasard (dont Dieu vous garde) votre femme entrait dans une maison à vous suspecte, informez-vous si le logis a plusieurs issues.

Votre femme monte-t-elle en fiacre… qu’avez-vous à craindre ? Un préfet de police auquel les maris auraient dû décerner une couronne d’or mat n’a-t-il pas construit sur chaque place de fiacres une petite baraque où siége, son registre à la main, un incorruptible gardien de la morale publique ? Ne sait-on pas où vont et d’où viennent ces gondoles parisiennes ?

Un des principes vitaux de votre police sera d’accompagner parfois votre femme chez les fournisseurs de votre maison si elle avait l’habitude d’y aller. Vous examinerez soigneusement s’il existe quelque familiarité entre elle et sa mercière, sa marchande de modes, sa couturière, etc. Vous appliquerez là les règles de la Douane Conjugale, et vous tirerez vos conclusions.

Si, en votre absence, votre femme, sortie malgré vous, prétend être allée à tel endroit, dans tel magasin, rendez-vous-y le lendemain, et tâchez de savoir si elle a dit la vérité.

Mais la passion vous dictera, mieux encore que cette Méditation, les ressources de la tyrannie conjugale, et nous arrêterons là ces fastidieux enseignements.



§ V. — DU BUDGET.


En esquissant le portrait d’un mari valide (Voyez la Méditation des Prédestinés), nous lui avons soigneusement recommandé de cacher à sa femme la véritable somme à laquelle monte son revenu.