Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 16.djvu/523

Cette page n’a pas encore été corrigée

avec monsieur de Fontanges à propos d’une fille d’Opéra… Qu’as-tu donc ?…

LA FEMME. Rien… Il fait très-chaud ici. Ensuite, je ne sais pas d’où cela peut venir… mais pendant toute la journée… il m’a monté des feux au visage…

LE MARI. (À part.) Elle aime monsieur de Fontanges ! (Haut.) Célestine ! (Il crie plus fort.) Célestine, accourez donc, madame se trouve mal !…

Vous comprenez qu’un mari d’esprit doit trouver mille manière de tendre ces trois espèces de souricières.



§ II. — DE LA CORRESPONDANCE.


Écrire une lettre et la faire jeter à la poste ; recevoir la réponse, la lire et la brûler ; voilà la correspondance réduite à sa plus simple expression.

Cependant examinez quelles immenses ressources la civilisation, nos mœurs et l’amour ont mises à la disposition des femmes pour soustraire ces actes matériels à la pénétration maritale.

La boîte inexorable qui tend une bouche ouverte à tous venants reçoit sa pâture budgétaire de toutes mains.

Il y a l’invention fatale des bureaux restants.

Un amant trouve dans le monde cent charitables personnes, masculines ou féminines, qui, à charge de revanche, glisseront le doux billet dans la main amoureuse et intelligente de sa belle maîtresse.

La correspondance est un Protée. Il y a des encres sympathiques, et un jeune célibataire nous a confié avoir écrit une lettre sur la garde blanche d’un livre nouveau qui, demandé au libraire par le mari, est arrivé entre les mains de sa maîtresse, prévenue la veille de cette ruse adorable.

La femme amoureuse qui redoutera la jalousie d’un mari écrira, lira des billets-doux pendant le temps consacré à ces mystérieuses occupations pendant lesquelles le mari le plus tyrannique est obligé de la laisser libre.

Enfin les amants ont tous l’art de créer une télégraphie particulière dont les capricieux signaux sont bien difficiles à comprendre. Au bal, une fleur bizarrement placée dans la coiffure ; au spectacle, un mouchoir déplié sur le devant de la loge ; une démangeaison au nez, la couleur particulière d’une ceinture, un chapeau mis ou ôté, une robe portée plutôt que telle autre, une romance chantée