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lles ont reçu. C’est un commerce où presque tous les maris finissent par faire banqueroute.


LXXVI.

Un amant ne parle à une femme que de ce qui peut la grandir ; tandis qu’un mari, même en aimant, ne peut se défendre de donner des conseils, qui ont toujours un air de blâme.


LXXVII.

Un amant procède toujours de sa maîtresse à lui, c’est le contraire chez les maris.


LXXVIII.

Un amant a toujours le désir de paraître aimable. Il y a dans ce sentiment un principe d’exagération qui mène au ridicule, il faut en savoir profiter.


LXXIX.

Quand un crime est commis, le juge d’instruction sait (sauf le cas d’un forçat libéré qui assassine au bagne) qu’il n’existe pas plus de cinq personnes auxquelles il puisse attribuer le coup. Il part de là pour établir ses conjectures. Un mari doit raisonner comme le juge : il n’a pas trois personnes à soupçonner dans la société quand il veut chercher quel est l’amant de sa femme.


LXXX.

Un amant n’a jamais tort.


LXXXI.

L’amant d’une femme mariée vient lui dire : — Madame, vous avez besoin de repos. Vous avez à donner l’exemple de la vertu à vos enfants. Vous avez juré de faire le bonheur d’un mari, qui, à quelques défauts près (et j’en ai plus que lui), mérite votre estime. Eh ! bien, il faut me sacrifier votre famille et votre vie, parce que j’ai vu que vous aviez une jolie jambe. Qu’il ne vous échappe même pas un murmure ; car un regret est une offense que je punirais d’une peine plus sévère que celle de la loi contre les épouses adultères. Pour prix de ces sacrifices, je vous apporte autant de plaisirs que de peines. Chose incroyable, un amant triomphe !… La forme qu’il donne à son discours fa