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les moindres cavités. Un placard, ne contînt-il que six pots de confitures, doit être muré. Vous vous préparez à la guerre, et la première pensée d’un général est de couper les vivres à son ennemi. Aussi, toutes les parois seront-elles pleines, afin de présenter à l’œil des lignes faciles à parcourir, et qui permettent de reconnaître sur-le-champ le moindre objet étranger. Consultez les restes des monuments antiques, et vous verrez que la beauté des appartements grecs et romains venait principalement de la pureté des lignes, de la netteté des parois, de la rareté des meubles. Les Grecs auraient souri de pitié en apercevant dans un salon les hiatus de nos armoires.

Ce magnifique système de défense sera surtout mis en vigueur dans l’appartement de votre femme. Ne lui laissez jamais draper son lit de manière à ce qu’on puisse se promener autour dans un dédale de rideaux. Soyez impitoyable sur les communications. Mettez sa chambre au bout de vos appartements de réception. N’y souffrez d’issue que sur les salons, afin de voir, d’un seul regard, ceux qui vont et viennent chez elle.

Le Mariage de Figaro vous aura sans doute appris à placer la chambre de votre femme à une grande hauteur du sol. Tous les célibataires sont des Chérubins.

Votre fortune, donne sans doute, à votre femme le droit d’exiger un cabinet de toilette, une salle de bain et l’appartement d’une femme de chambre ; alors, pensez à Suzanne, et ne commettez jamais la faute de pratiquer ce petit appartement-là au-dessous de celui de madame ; mettez-le toujours au-dessus ; et ne craignez pas de déshonorer votre hôtel par de hideuses coupures dans les fenêtres.

Si le malheur veut que ce dangereux appartement communique avec celui de votre femme par un escalier dérobé, consultez long-temps votre architecte ; que son génie s’épuise à rendre à cet escalier sinistre, l’innocence de l’escalier primitif, l’échelle du meunier ; que cet escalier, nous vous en conjurons, n’ait aucune cavité perfide ; que ses marches anguleuses et raides ne présentent jamais cette voluptueuse courbure dont se trouvaient si bien Faublas et Justine en attendant que le marquis de B., fût sorti. Les architectes, aujourd’hui, font des escaliers préférables à des ottomanes. Rétablissez plutôt le vertueux colimaçon de nos ancêtres.

En ce qui concerne les cheminées de l’appartement de madame,