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et politiques.


XXV.

L’adultère est une faillite, à cette différence près, dit Champfort, que c’est celui à qui l’on fait banqueroute qui est déshonoré.


En France, les lois sur l’adultère et sur les faillites ont besoin de grandes modifications. Sont-elles trop douces ? pèchent-elles par leurs principes ? Caveant consules !

Eh ! bien, courageux athlète, toi qui as pris pour ton compte la petite apostrophe que notre première Méditation adresse aux gens chargés d’une femme, qu’en dis-tu ? Espérons que ce coup d’œil jeté sur la question ne te fait pas trembler, que tu n’es pas un de ces hommes dont l’épine dorsale devient brûlante et dont le fluide nerveux se glace à l’aspect d’un précipice ou d’un boa constrictor ! Hé ! mon ami, qui a terre a guerre. Les hommes qui désirent ton argent sont encore bien plus nombreux que ceux qui désirent ta femme.

Après tout, les maris sont libres de prendre ces bagatelles pour des calculs, ou ces calculs pour des bagatelles. Ce qu’il y a de plus beau dans la vie, c’est les illusions de la vie. Ce qu’il y a de plus respectable, c’est nos croyances les plus futiles. N’existe-t-il pas beaucoup de gens dont les principes ne sont que des préjugés, et qui, n’ayant pas assez de force pour concevoir le bonheur et la vertu par eux-mêmes, acceptent une vertu et un bonheur tout faits de la main des législateurs ? Aussi ne nous adressons-nous qu’à tous ces Manfred qui, pour avoir relevé trop de robes, veulent lever tous les voiles dans les moments où une sorte de spleen moral les tourmente. Pour eux, maintenant la question est hardiment posée, et nous connaissons l’étendue du mal.

Il nous reste à examiner les chances générales qui se peuvent rencontrer dans le mariage de chaque homme, et le rendre moins fort dans le combat dont notre champion doit sortir vainqueur.

MÉDITATION V.

DES PRÉDESTINÉS.

Prédestiné signifie destiné par avance au bonheur ou au malheur. La Théologie s’est emparée de ce mot et l’emploie toujours