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s’ouvrit, et Lemulquinier se montra le visage flamboyant de joie.

« Monsieur, monsieur ! » Balthazar jeta sur Marguerite un regard de désespoir, lui fit un signe et l’emmena dans le jardin. Aussitôt le trouble se mit dans l’assemblée.

« Je n’osais pas te le dire, mon enfant, dit le père à sa fille ; mais puisque tu as tant fait pour moi, tu me sauveras de ce dernier malheur. Lemulquinier m’a prêté, pour une dernière expérience qui n’a pas réussi, vingt mille francs, le fruit de ses économies. Le malheureux vient sans doute me les redemander en apprenant que je suis redevenu riche, donne-les-lui sur-le-champ. Ah ! mon ange, tu lui dois ton père, car lui seul me consolait dans mes désastres, lui seul encore a foi en moi.

Certes, sans lui je serais mort…

— Monsieur, monsieur, criait Lemulquinier.

— Eh bien ? dit Balthazar en se retournant.

— Un diamant !… » Claës sauta dans le parloir en apercevant un diamant dans la main de son valet de chambre qui lui dit tout bas : « Je suis allé au laboratoire. » Le chimiste, qui avait tout oublié, jeta un regard sur le vieux Flamand, et ce regard ne pouvait se traduire que par ces mots : Tu es allé le premier au laboratoire !

« Et, dit le valet en continuant, j’ai trouvé ce diamant dans la capsule qui communiquait avec cette pile que nous avions laissée en train de faire des siennes, et elle en a fait, monsieur ! ajouta-t-il en montrant un diamant blanc de forme octaédrique dont l’éclat attirait les regards étonnés de toute l’assemblée.

— Mes enfants, mes amis, dit Balthazar, pardonnez à mon vieux serviteur, pardonnez-moi. Ceci va me rendre fou. Un hasard de sept années a produit, sans moi, une découverte que je cherche depuis seize ans. Comment ? je n’en sais rien. oui, j’avais laissé du sulfure de carbone sous l’influence d’une pile de Volta dont l’action aurait dû être surveillée tous les jours. Eh bien, pendant mon absence, le pouvoir de Dieu a éclaté dans mon laboratoire sans que j’aie pu constater ses effets, progressifs bien entendu ! Cela n’est-il pas affreux ?

Maudit exil ! maudit hasard ! Hélas ! si j’avais épié cette longue, cette lente, cette subite, je ne sais comment dire, cristallisation, transformation, enfin ce miracle, eh bien, mes enfants seraient plus riches encore. Quoique ce ne soit pas la solution