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LE JUGE.

Vous en ferez l’analyse ! (Il aperçoit Marguerite ramassant un petit papier à terre.) Quel est ce papier ?

MARGUERITE.

Oh ! ce n’est rien.

RAMEL.

Rien n’est insignifiant en des cas pareils pour des magistrats !… Ah ! ah ! Messieurs, plus tard nous aurons à examiner ceci. Pourrions-nous éloigner M. de Grandchamp !

VERNON.

Il est au presbytère ; mais il n’y restera pas longtemps.

LE JUGE, au médecin.

Voyez, Monsieur ?… (Les deux médecins causent au chevet du lit.)

RAMEL, au juge.

Si le général revient, nous agirons avec lui selon les circonstances.

(Marguerite pleure, agenouillée au pied du lit. Les deux médecins, le juge et Ramel se groupent sur le devant du théâtre.)

RAMEL, au médecin.

Ainsi, Monsieur, votre avis est que la maladie de mademoiselle de Grandchamp, que nous avons vue avant-hier pleine de santé, de bonheur même, est l’effet d’un crime ?

LE MÉDECIN.

Les symptômes d’empoisonnement sont de la dernière évidence.

RAMEL.

Et le reste de poison que contient cette tasse est-il assez visible, assez considérable pour fournir une preuve légale ?…

LE MÉDECIN.

Oui, Monsieur.

LE JUGE, à Vernon.

La femme que voici prétend, Monsieur, qu’hier, à quatre heures, vous avez ordonné à mademoiselle de Grandchamp une infusion de feuilles d’oranger, pour calmer une irritation survenue après une explication entre la belle-fille et sa belle-mère ; elle ajoute que madame de Grandchamp, qui vous aurait aussitôt envoyé à quatre lieues d’ici, sous un vain prétexte, a insisté pour tout préparer et tout donner à sa belle-fille ; est-ce vrai ?

VERNON.

Oui, Monsieur !

MARGUERITE.

Mon insistance à vouloir soigner mademoiselle a été l’occasion d’un reproche de la part de mon pauvre maître.

RAMEL, à Vernon.

Où madame de Grandchamp vous a-t-elle envoyé ?