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rais osé… maintenant, je passerais pour être l’empoisonneur. Non, ceci (Il pose un petit flacon sur la table) est inutile, et mon dévouement serait un crime.

FERDINAND, il a mis un miroir devant les lèvres de Pauline. Mais tout est possible, elle respire encore.

VERNON.

Elle ne verra pas le jour qui se lève.

PAULINE.

Ferdinand !

FERDINAND.

Elle vient de me nommer.

VERNON.

Oh la nature à vingt-deux ans est bien forte contre la destruction ! D’ailleurs, elle conservera son intelligence jusqu’à son dernier soupir. Elle pourrait se lever, parler, quoique les souffrances causées par ce poison terrible soient inouïes.


Scène II.

Les mêmes, LE GÉNÉRAL, d’abord en dehors.
LE GÉNÉRAL.

Vernon !

VERNON, à Ferdinand.

Le général. (Ferdinand tombe accablé sur un fauteuil à gauche, au fond, masqué par les rideaux du lit. À la porte.) Que voulez-vous ?

LE GÉNÉRAL.

Voir Pauline !

VERNON.

Si vous m’écoutez, vous attendrez, elle est bien plus mal.

LE GÉNÉRAL force la porte.

Eh ! j’entre, alors.

VERNON.

Non, général, écoutez-moi.

LE GÉNÉRAL.

Non, non. Immobile, froide ! Ah ! Vernon !

VERNON.

Voyons, général… (À part.) Il faut l’éloigner d’ici… (Haut.) Eh bien ! je n’ai plus qu’un bien faible espoir de la sauver.