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PAULINE.

Oh ! Madame, je suis à vos genoux, comme vous étiez naguère aux miens. Tuons-nous si vous voulez, mais ne l’assassinons pas, lui !… Oh ! sa vie, sa vie au prix de mienne.

GERTRUDE.

Eh bien ! renoncez-vous ?

PAULINE.

Oui, Madame.

GERTRUDE, elle laisse tomber son mouchoir dans le mouvement passionné de sa phrase.

Tu me trompes ! tu me dis cela, à moi, parce qu’il t’aime, qu’il vient de m’insulter en me l’avouant, et que tu crois qu’il ne m’aimera plus jamais… Oh ! non, Pauline, il me faut des gages de ta sincérité.

PAULINE, à part.

Son mouchoir !… et la clef de son secrétaire… C’est là qu’est renfermé le poison… Oh !… (Haut.) Des gages de sincérité, dites-vous ?… Je vous en donnerai… Qu’exigez-vous ?

GERTRUDE.

Voyons, je ne crois qu’à une seule preuve : il faut épouser cet autre.

PAULINE.

Je l’épouserai.

GERTRUDE.

Et dans l’instant même échanger vos paroles.

PAULINE.

Allez le lui annoncer vous-même, Madame ; venez ici avec mon père, et…

GERTRUDE.

Et…

PAULINE.

Je donnerai ma parole ; c’est donner ma vie.

GERTRUDE, à part.

Comme elle dit tout cela résolument, sans pleurer !… Elle a une arrière-pensée ! (À Pauline.) Ainsi tu te résignes ?

PAULINE.

Oui !

GERTRUDE, à part.

Voyons !… (À Pauline.) Si tu es vraie…