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PAULINE, elle l’embrasse.

Mais aussi, tu commences par quereller à propos de rien… Je vous déclare, Monsieur mon père, que je vais entreprendre votre éducation… Il est bien temps, à ton âge, de te calmer le sang… Un jeune homme n’est pas si vif que toi ! Tu as fait peur à Marguerite, et quand les femmes ont peur, elles font des petits mensonges, et l’on ne sait rien…

LE GÉNÉRAL, à part.

Tirez-vous de là ! (Haut.) Votre conduite, Mademoiselle ma fille, n’est pas de nature à calmer le sang… Je veux te marier, je te propose un homme jeune…

PAULINE.

Beau, surtout, et bien élevé !

LE GÉNÉRAL.

Allons, silence, quand votre père vous parle, Mademoiselle. Un homme qui possède une magnifique fortune, au moins sextuple de la vôtre, et tu le refuses… Tu le peux, je te laisse libre ; mais si tu ne veux pas de Godard, dis-moi qui tu choisis, d’autant plus que je le sais…

PAULINE.

Ah ! mon père… vous êtes plus clairvoyant que moi… Qui est-ce ?

LE GÉNÉRAL.

Un homme de trente à trente-cinq ans, qui me plaît à moi plus que Godard, quoiqu’il soit sans fortune… Il fait déjà partie de la famille.

PAULINE.

Je ne vous vois pas de parents ici.

LE GÉNÉRAL.

Qu’as-tu donc contre ce pauvre Ferdinand, pour ne pas vouloir…

PAULINE.

Ah ! ah ! qui vous a fait ce conte-là ? je parie que c’est madame de Grandchamp.

LE GÉNÉRAL.

Un conte ! ce n’est donc pas vrai ; tu n’as jamais pensé à ce brave garçon ?

PAULINE.

Jamais !