Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/352

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LE GÉNÉRAL.

Vernon, qu’est-ce que tu fais donc ?

(Légers murmures. Pauline jette un regard vers la table de jeu.)
GERTRUDE, à part.

L’interrogation directe n’a pas réussi. (Haut.) Combien tu me rends heureuse ! car ce plaisant de petite ville, Godard, prétend que tu t’es presque évanouie quand il a fait dire exprès par Napoléon que Ferdinand s’était cassé la jambe… Ferdinand est un aimable jeune homme, dans notre intimité depuis bientôt quatre ans ; quoi de plus naturel que cet attachement pour ce garçon, qui non-seulement a de la naissance, mais encore des talents ?

PAULINE.

C’est le commis de mon père.

GERTRUDE.

Ah ! grâce à Dieu, tu ne l’aimes pas ; tu m’effrayais, car, ma chère, il est marié.

PAULINE.

Tiens, il est marié ! pourquoi cache-t-il cela ? (À part.) Marié ! ce serait infâme ; je lui demanderai ce soir, je lui ferai le signal dont nous sommes convenus.

GERTRUDE, à part.

Pas une fibre n’a tressailli dans sa figure ! Godard s’est trompé, ou cette enfant serait aussi forte que moi… (Haut.) Qu’as-tu, mon ange ?

PAULINE.

Oh ! rien.

GERTRUDE, lui mettant la main dans le dos.

Tu as chaud là, vois-tu ? (À part.) Elle l’aime, c’est sûr… Mais lui, l’aime t-il ? Oh ! je suis dans l’enfer.

PAULINE.

Je me serai trop appliquée à l’ouvrage ! Et vous, qu’avez-vous ?

GERTRUDE.

Rien ! Tu me demandais pourquoi Ferdinand cache son mariage ?

PAULINE.

Ah ! oui !

GERTRUDE, à part.

Voyons si elle sait le secret de son nom. (Haut.) Parce que sa