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ACTE DEUXIÈME



Scène première.

RAMEL, MARGUERITE ; puis FÉLIX.

Ramel est abîmé dans ses réflexions et plongé dans le canapé de manière à ne pas être vu d’abord. Marguerite apporte des flambeaux et des cartes. Dans l’entracte la nuit est venue.

MARGUERITE.

Quatre jeux de cartes, c’est assez, quand même M. le curé, le maire et l’adjoint viendraient. (Félix vient allumer les bougies des candélabres.) Je parierais bien que ma pauvre Pauline ne se mariera pas encore cette fois-ci. Chère enfant !… si défunte sa mère la voyait ne pas être ici la reine de la maison, elle en pleurerait dans son cercueil ! Moi, si je reste, c’est bien pour la consoler, la servir.

FÉLIX, à part.

Qu’est-ce qu’elle chante, la vieille ?… (Haut.) À qui donc en voulez-vous, Marguerite ? je gage que c’est à madame.

MARGUERITE.

Non, c’est à monsieur que j’en veux.

FÉLIX.

À mon général ? allez votre train alors, c’est un saint, cet homme-là.

MARGUERITE.

Un saint de pierre, car il est aveugle.

FÉLIX.

Dites donc aveuglé.

MARGUERITE.

Ah ! vous avez bien trouvé cela, vous.

FÉLIX.

Le général n’a qu’un défaut… il est jaloux.