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bon Dieu sans confession, on leur confierait des fonds… Pénétrez là-dedans, c’est à épouvanter un juge d’instruction.

LE GÉNÉRAL.

Ah ! vous voyez le monde ainsi ? Moi, je conserve les illusions avec lesquelles j’ai vécu. Fouiller ainsi dans les consciences, ça regarde les prêtres et les magistrats ; je n’aime pas les robes noires, et j’espère mourir sans les avoir jamais vues ! Mais, Godard, le sentiment qui nous vaut votre préférence me flatte plus que votre fortune… Touchez-là, vous avez mon estime, et je ne la prodigue pas.

GODARD.

Général, merci. (À part.) Empaumé, le beau-père !


Scène .IV

Les mêmes, PAULINE, GERTRUDE.
LE GÉNÉRAL, apercevant Pauline.

Ah ! te voilà, petite ?

GERTRUDE.

N’est-ce pas qu’elle est jolie ?

GODARD.

Mad…

GERTRUDE.

Oh ! pardon, Monsieur, je ne voyais que mon ouvrage.

GODARD.

Mademoiselle est éblouissante.

GERTRUDE.

Nous avons du monde à dîner, et je ne suis pas belle-mère du tout ; j’aime à la parer, car c’est une fille pour moi.

GODARD, à part.

On m’attendait !

GERTRUDE.

Je vais vous laisser avec elle… faites votre déclaration. (Au général.) Mon ami, allons au perron voir si notre cher docteur arrive.

LE GÉNÉRAL.

Je suis tout à toi, comme toujours. (À Pauline.) Adieu, mon bijou. (À Godard.) Au revoir. (Gertrude et le général vont au perron ; mais Gertrude surveille Godard et Pauline. Ferdinand va pour sortir de la chambre de Pauline : sur un signe de cette dernière, il y rentre précipitamment.)