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DUPRÉ.

Alors, mêlez-vous de vos affaires toute seule !

MADAME DU BROCARD.

C’est abuser de ma situation !… Ah ! mon Dieu ! quelqu’un vient.

DUPRÉ, regardant au fond.

C’est quelqu’un de votre famille !…

MADAME DU BROCARD, regardant avec précaution.

M. Rousseau ! mon beau-frère !… Que vient-il faire ? il m’avait juré de tenir bon !

DUPRÉ.

Et vous aussi !… vous jurez beaucoup dans votre famille, et vous ne tenez guère.

MADAME DU BROCARD.

Si je pouvais entendre !

(Rousseau paraît avec sa femme ; madame du Brocard se jette dans le rideau à gauche.)
DUPRÉ, la regardant.

Très-bien !… si ceux-là veulent se cacher, je ne sais plus où ils se mettront !


Scène VI.

DUPRÉ, ROUSSEAU, MADAME ROUSSEAU.
ROUSSEAU.

Monsieur, vous nous voyez désespérés… Madame du Brocard, ma belle-sœur, est venue ce matin faire à ma femme une foule d’histoires.

MADAME ROUSSEAU.

Monsieur, j’en suis tout effrayée !…

DUPRÉ, lui offrant un siége.

Permettez… Madame…

ROUSSEAU.

S’il faut l’en croire, voilà encore mon fils compromis.

DUPRÉ.

C’est la vérité !

ROUSSEAU.

Je n’en sortirai pas !… Pendant trois mois qu’a duré cette malheureuse affaire, j’ai abrégé ma vie de dix années !… Des spéculations magnifiques, des combinaisons sûres, j’ai tout sacrifié, tout laissé passer en d’autres mains. Enfin c’était fait !… Mais, quand