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JULES.

Ciel ! ici, Mademoiselle ?…

PAMÉLA.

Et vous, Monsieur, je vous croyais à Bruxelles ?…

JULES.

Oui, ils m’avaient fait partir malgré moi, et je m’étais soumis !… Élevé dans l’obéissance, je tremble devant ma famille !… mais j’emportais mes souvenirs avec moi !… Il y a six mois, Monsieur, avant de la connaître… je risquais ma vie pour obtenir mademoiselle de Verby, afin de contenter leur ambition, si vous le voulez aussi, pour satisfaire ma vanité ; j’espérais un jour être gentilhomme moi, fils d’un négociant enrichi !… Je la rencontrai et je l’aimai !… le reste, vous le savez !… ce qui n’était qu’un sentiment est devenu un devoir, et, quand chaque heure m’éloignait d’elle, j’ai senti que mon obéissance était une lâcheté ; quand ils m’ont cru bien loin, je suis revenu !… Elle avait été arrêtée, vous l’aviez dit !… et moi je serais parti !… (À tous deux.) Sans vous revoir, vous, mon sauveur, qui serez le sien…

DUPRÉ, les regardant.

Bien… très-bien !… c’est d’un honnête homme cela !… enfin, en voilà un.

PAMÉLA, à part, essuyant ses larmes.

Merci, mon Dieu !

DUPRÉ.

Qu’espérez-vous ? que voulez-vous ?

JULES.

Ce que je veux ?… m’attacher à son sort… me perdre avec elle, s’il le faut… et si Dieu nous protège, lui dire : Paméla, veux-tu être à moi ?

DUPRÉ.

Ah ! diable ! diable ! il n’y a qu’une petite difficulté… c’est que je l’épouse !…

JULES, très-surpris.

Vous ?

DUPRÉ.

Oui, moi ?… (Paméla baisse les yeux.) Je n’ai pas de famille qui s’y oppose.

JULES.

Je fléchirai la mienne.