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PAMÉLA, qui l’a observé, se lève et vient à lui.

M. Dupré, vous êtes agité, vous paraissez souffrir ?… c’est encore pour moi, je le crains.

DUPRÉ.

N’êtes-vous donc pas révoltée comme moi de l’indifférence odieuse de cette famille, qui, une fois son fils sauvé, n’a plus vu en vous qu’un instrument…

PAMÉLA.

Et qu’y pourrions nous faire, Monsieur ?

DUPRÉ.

Chère enfant ! vous n’avez aucune amertume dans le cœur ?

PAMÉLA.

Non, monsieur !… je suis plus heureuse qu’eux tous, moi ; j’ai fait, je crois, une bonne action !…

MADAME GIRAUD, embrassant Paméla.

Ma pauvre bonne fille !

GIRAUD.

C’est bien ce que j’ai fait de mieux jusqu’à présent !

DUPRÉ, s’approchant vivement de Paméla.

Mademoiselle, vous êtes une honnête fille !… personne plus que moi ne peut l’attester !… c’est moi qui suis venu près de vous, vous supplier de dire la vérité, et si noble, et si pure, vous vous êtes compromise ; maintenant on vous repousse, on vous méconnaît… mais moi je vous admire… et vous serez heureuse, car je réparerai tout ! Paméla… j’ai quarante-huit ans, un peu de réputation, quelque fortune ; j’ai passé ma vie à être honnête homme, je n’en démordrai pas ; voulez-vous être ma femme ?

PAMÉLA, très-émue.

Moi, Monsieur ?…

GIRAUD.

Sa femme !… not’fille !… dis donc madame Giraud ?…

MADAME GIRAUD.

Ça serait-il possible ?

DUPRÉ.

Pourquoi cette surprise ?… oh ! pas de phrases !… consultez votre cœur !… dites oui ou non !… Voulez-vous être ma femme ?

PAMÉLA.

Mais quel homme êtes-vous donc, Monsieur ? c’est moi qui vous dois tout… et vous voulez ?… Ah ! ma reconnaissance…