Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/244

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fou d’amour. Ce n’est pas le cœur que je perds, mais la tête, aussitôt qu’il s’agit de vous. Ne sais-je pas que vous êtes aussi sage que belle ? que vous avez dans l’âme encore plus de trésors que vous n’en portez ? Aussi… tenez, vous avez raison, j’entendrais dix voix, je verrais dix hommes là, que ça ne me ferait rien… mais un…

PAMÉLA.

Eh bien ?

JOSEPH.

Un… ça me gênerait davantage. Mais je m’en vais ; c’est pour rire que je vous dis tout ça… je sais bien que vous allez être seule. À revoir, mademoiselle Paméla ; je m’en vas… j’ai confiance.

PAMÉLA, à part.

Il se doute de quelque chose.

JOSEPH, à part.

Il y a quelqu’un ici… je cours tout dire au père et à la mère Giraud. (Haut.) À revoir, mademoiselle Paméla.

(Il sort.)

Scène II.

PAMÉLA, JULES.
PAMÉLA.

Monsieur Adolphe, vous voyez à quoi vous m’exposez… Le pauvre garçon est un ouvrier plein de cœur ; il a un oncle assez riche pour l’établir ; il veut m’épouser, et en un moment j’ai perdu mon avenir… et pour qui ? je ne vous connais pas, et à la manière dont vous jouez l’existence d’une jeune fille qui n’a pour elle que sa bonne conduite, je devine que vous vous en croyez le droit… Vous êtes riche, et vous vous moquez des gens pauvres !

JULES.

Non, ma chère Paméla… je sais qui vous êtes, et je vous ai appréciée… Je vous aime, je suis riche, et nous ne nous quitterons jamais. Ma voiture de voyage est chez un ami, à la porte Saint-Denis ; nous irons la prendre à pied ; je vais m’embarquer pour l’Angleterre. Venez, je vous expliquerai mes intentions, car le moindre retard pourrait m’être fatal

PAMÉLA.

Quoi ?