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SARPI, à Lothundiaz.

Cet hidalgo a donc des prétentions ?

FONTANARÈS, à Sarpi.

Des droits !

(Marie, la duègne, Lothundiaz sortent.)

Scène XIV.

MONIPODIO, SARPI, FONTANARÈS, QUINOLA.
SARPI.

Des droits ?… Ne savez-vous pas que le neveu de Fra-Paolo Sarpi, parent des Brancador, créé comte au royaume de Naples, secrétaire de la vice-royauté de Catalogne, prétend à la main de Marie Lothundiaz ? En se disant y avoir des droits, un homme fait une insulte à elle et à moi.

FONTANARÈS.

Savez-vous que, depuis cinq ans, moi, Alfonso Fontanarès, à qui le roi, notre maître, a promis le titre de duc de Neptunado, la grandesse et la Toison-d’Or, j’aime Marie Lothundiaz, et que vos prétentions à l’encontre de la foi qu’elle m’a jurée, seront, si vous n’y renoncez, une insulte et pour elle et pour moi ?

SARPI.

Je ne savais pas, Monseigneur, avoir un si grand personnage pour rival. Eh bien ! futur duc de Neptunado, futur grand, futur chevalier de la Toison-d’Or, nous aimons la même femme ; et si vous avez la promesse de Marie, j’ai celle du père ; vous attendez des honneurs, j’en ai.

FONTANARÈS.

Tenez, restons-en là. Ne prononcez pas un mot de plus, ne vous permettez pas un regard qui puisse m’offenser… vous seriez un lâche. Eussé-je cent querelles, je ne veux me battre avec personne qu’après avoir terminé mon entreprise, et répondu par le succès à l’attente de mon roi. Je me bats en ce moment seul contre tous. Quand j’en aurai fini avec mon siècle, vous me retrouverez… près du roi.

SARPI.

Oh ! nous ne nous quitterons pas.