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QUINOLA.

Au roi.

MONIPODIO.

Tu as vu le roi (Il le flaire.) et tu sens la misère…

QUINOLA.

Comme un grenier de poète. Et que fais-tu ?

MONIPODIO.

Rien.

QUINOLA.

C’est bientôt fait ; si ça te donne des rentes, je me sens du goût pour ta profession.

MONIPODIO.

J’étais bien incompris, mon ami ! Traqué par nos ennemis politiques…

QUINOLA.

Les corrégidors, alcades et alguazils.

MONIPODIO.

Il a fallu prendre un parti.

QUINOLA.

Je te devine : de gibier, tu t’es fait chasseur !

MONIPODIO.

Fi donc! je suis toujours moi-même. Seulement, je m’entends avec le vice-roi. Quand un de mes hommes a comblé la mesure, je lui dis : Va-t’en ! et s’il ne s’en va pas, ah ! dame ! la justice. Tu comprends… Ce n’est pas trahir ?

QUINOLA.

C’est prévoir…

MONIPODIO.

Oh ! tu reviens de la cour. Et que veux-tu prendre ici ?

QUINOLA.

Écoute ? (À part.) Voilà mon homme, un œil dans Barcelone. (Haut.) D’après ce que tu viens de me dire, nous sommes amis comme…

MONIPODIO.

Celui qui a mon secret doit être mon ami…

QUINOLA.

Qu’attends-tu là comme un jaloux ? Viens mettre une outre à sec et notre langue au frais dans un cabaret : voici le jour.

MONIPODIO.

Ne vois-tu pas ce palais éclairé par une fête ? Don Frégose, mon vice-roi, soupe et joue chez madame Faustina Brancadori.