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La vie extérieure est une sorte de système organisé, qui représente un homme aussi exactement que les couleurs du colimaçon se reproduisent sur sa coquille. Aussi, dans la vie élégante, tout s’enchaîne et se commande. Quand M. Cuvier aperçoit l’os frontal, maxillaire ou crural de quelque bête, n’en induit-il pas toute une créature, fût-elle antédiluvienne, et n’en reconstruit-il pas aussitôt un individu classé, soit parmi les sauriens ou les marsupiaux, soit parmi les carnivores ou les herbivores ?… Jamais cet homme ne s’est trompé : son génie lui a révélé les lois unitaires de la vie animale.

De même, dans la vie élégante, une seule chaise doit déterminer toute une série de meubles, comme l’éperon fait supposer un cheval. Telle toilette annonce telle sphère de noblesse et de bon goût. Chaque fortune a sa base et son sommet. Jamais les Georges Cuvier de l’élégance ne s’exposent à porter des jugements erronés : ils vous diront à quel nombre de zéros, dans le chiffre des revenus, doivent appartenir les galeries de tableaux, les chevaux de race pure, les tapis de la Savonnerie, les rideaux de soie diaphane, les cheminées de mosaïque, les vases étrusques et les pendules surmontées d’une statue échappée au ciseau des Cortot ou des David. Apportez-leur enfin une seule patère :