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des bienfaits répandus par leurs lumières ? N’est-elle pas l’expression des progrès faits par un pays, puisqu’elle en représente tous les genres de luxe ? Enfin, si elle est l’indice d’une nature perfectionnée, tout homme ne doit-il pas désirer d’en étudier, d’en surprendre les secrets ?

Alors, il n’est donc plus indifférent de mépriser ou d’adopter les fugitives prescriptions de la mode, car mens agitat molem : l’esprit d’un homme se devine à la manière dont il tient sa canne. Les distinctions s’avilissent ou meurent en devenant communes ; mais il existe une puissance chargée d’en stipuler de nouvelles, c’est l’opinion : or, la mode n’a jamais été que l’opinion en matière de costume. Le costume étant le plus énergique de tous les symboles, la Révolution fut aussi une question de mode, un débat entre la soie et le drap. Mais, aujourd’hui, la mode n’est plus restreinte au luxe de la personne. Le matériel de la vie, ayant été l’objet du progrès général, a reçu d’immenses développements. Il n’est pas un seul de nos besoins qui n’ait produit une encyclopédie, et notre vie animale se rattache à l’universalité des connaissances humaines. Aussi, en dictant les lois de l’élégance, la mode embrasse-t-elle tous les arts. Elle est le principe des œuvres comme des ouvrages. N’est-elle pas le cachet dont un consen-