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reste pas trois figures de Napoléon en habits impériaux, et nous le voyons partout vêtu de son petit uniforme vert, coiffé de son chapeau à trois cornes et les bras croisés. Il n’est poétique et vrai que sans le charlatanisme impérial. En le précipitant du haut de sa colonne, ses ennemis l’ont grandi. Dépouillé des oripeaux de la royauté, Napoléon devient immense ; il est le symbole de son siècle, une pensée de l’avenir. L’homme puissant est toujours simple et calme.

Du moment que deux livres de parchemin ne tiennent plus lieu de tout, où le fils naturel d’un baigneur millionnaire et un homme de talent ont les mêmes droits que le fils d’un comte, nous ne pouvons plus être distinctibles que par notre valeur intrinsèque. Alors, dans notre société, les différences ont disparu : il n’y a plus que des nuances. Aussi le savoir-vivre, l’élégance des manières, le je ne sais quoi, fruit d’une éducation complète, forment la seule barrière qui sépare l’oisif de l’homme occupé. S’il existe un privilège, il dérive de la supériorité morale. De là le haut prix attaché, par le plus grand nombre, à l’instruction, à la pureté du langage, à la grâce du maintien, à la manière plus ou moins aisée dont une toilette est portée, à la recherche des appartements, enfin à la perfection de tout ce qui procède de la personne.