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Théorie

sance et de la grâce. Il imprimait à son corps un mouvement de rotation qui faisait périodiquement rouler et dérouler sur ses cuisses les pans de sa redingote, comme la voluptueuse jaquette de la Taglioni quand, après avoir achevé sa pirouette, elle se retourne pour recevoir les bravos du parterre. C’était un mouvement de circulation en rapport avec ses habitudes. Il roulait comme son argent.

Il était suivi par une grande demoiselle qui, les pieds serrés, la bouche pincée, tout pincé, décrivait une légère courbe, et allait par petites secousses, comme si, mécanique imparfaite, ses ressorts étaient gênés, ses apophyses déjà soudées. Ses mouvements avaient de la roideur, elle faillait à mon huitième axiome.

Quelques hommes passèrent, marchant d’un air agréable. Véritables modèles d’une reconnaissance de théâtre, ils semblaient tous retrouver un camarade de collège dans le citoyen paisible et insouciant qui venait à eux.

Je ne dirai rien de ces paillasses involontaires qui jouent des drames dans la rue ; mais je les prie de réfléchir à ce mémorable axiome :

XI

Quand le corps est en mouvement, le visage doit être immobile.