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voulais connaître les causes. De quelle importance ne sont-elles pas ! Jugez. Borelli dit bien pourquoi l’homme, emporté hors du centre de gravité, tombe ; mais il ne dit pas pourquoi souvent l’homme ne tombe pas, lorsqu’il sait user d’une force occulte, en envoyant à ses pieds une incroyable puissance de rétraction.

Ma première colère passée, je rendis justice à Borelli. Nous lui devons la connaissance de l’aire humaine : en d’autres termes, de l’espace ambiant dans lequel nous pouvons nous mouvoir sans perdre le centre de gravité. Certes, la dignité de la démarche humaine doit singulièrement dépendre de la manière dont un homme se balance dans cette sphère au delà de laquelle il tombe. Nous devons également à l’illustre Italien des recherches curieuses sur la dynamique intérieure de l’homme. Il a compté les tuyaux par lesquels passe le fluide moteur, cette insaisissable volonté, désespoir des penseurs et des physiologistes ; il en a mesuré la force ; il en a constaté le jeu ; il a donné généreusement à ceux qui monteront sur ses épaules pour voir plus loin que lui, dans ces ténèbres lumineuses, la valeur matérielle et ordinaire des effets produits par notre vouloir ; il a pesé la pensée, en montrant que la machine musculaire est en disproportion avec les résultats obtenus par l’homme, et qu’il