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et vraiment il y avait de quoi, à voir ce vieillard en cheveux blancs, traîné pendant les dernières lieues comme un cheval mort. On finit par le jeter sur le canon, et comme il ne pouvait pas parler, il remercia les soldats par un regard à tirer des larmes. Le soir, lorsque nous bivouaquâmes, je demandai à Rusca ses ordres relativement à ce vieillard.

— Fusillez-le… me dit-il.

— Mon général, répondis-je, vous êtes le maître de sa vie ; mais si je commande à mes canonniers de tuer cet homme, ils me diront que ce n’est pas leur métier…

— C’est bon !… répliqua-t-il en m’interrompant. Gardez-le jusqu’à demain matin, et nous verrons…

— Je ne me refuserai pas à le garder, dis-je ; mais je ne veux pas en répondre.

Et je sortis de la maison où était Rusca, sans entendre sa réplique ; mais je sus plus tard qu’il m’avait cruellement menacé…

En ce moment je partis, malgré tout l’intérêt que promettait ce début. La pendule marquait minuit et