Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/362

Cette page n’a pas encore été corrigée

ministère public, comptait pour le moins aussi souvent avec son amour-propre qu’avec sa conscience. Appelant à lui toute sa puissance de logique et toutes les roueries de la parole, se prenant corps à corps avec ce malencontreux témoignage, il ne désespéra pas de l’enrégimenter au nombre de ses meilleurs argumens ; seulement le travail était pénible, et la nuit s’avançait.

Trois heures venaient de sonner, et les bougies placées sur son bureau, prêtes à s’éteindre, ne jetaient plus qu’une pâle lueur.

Après les avoir renouvelées, comme le travail l’avait fortement échauffé, il fit quelques tours dans la chambre, vint se rasseoir dans son fauteuil, sur le dos duquel il se renversa, puis, dans cette attitude, suspendant sa pensée, à travers une fenêtre placée vis-à-vis de lui, il contemplait les étoiles qui brillaient dans le ciel. Tout à coup ses yeux, en descendant le long du vitrage, rencontrèrent deux yeux fixes qui le regardaient ; il crut que le reflet de ses bougies, en se jouant sur le verre, lui produisait cette vision, et il les changea de place ; mais la vision ne lui apparut que plus distincte. Comme il ne manquait point de cœur, s’armant d’une canne, la seule arme qu’il eût sous la