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chaque fois qu’un verre de vin l’avait mis en éloquence, et qu’il se trouvait là un auditeur en humeur de l’écouter.

Dans le même temps, des rêves d’une tout autre forme préoccupaient M. Desalleux, substitut du procureur général près la cour criminelle d’Orléans. Ayant débuté avec éclat dans les fonctions du ministère public quelque mois avant l’époque dont nous parlons, il n’était pas de haute position de la magistrature à laquelle il ne se crût appelé, et la simarre du garde-des-sceaux était une des visions courantes de ses nuits. Mais c’était surtout pour les enivremens des triomphes oratoires que sa pensée veillait durant le sommeil, lorsqu’une journée entière avait été par lui courageusement dépensée aux études mortellement graves du barreau. La gloire des d’Aguesseau, celle des autres grandes renommées des beaux temps de la magistrature parlementaire, ne suffisait pas aux étreintes de son impatient avenir ; c’était jusque dans le passé le plus lointain, jusqu’aux temps des merveilles de l’éloquence de Démosthène, que son ame s’élançait ; pouvoir par la parole, c’était là l’espérance, le résumé pour ainsi dire du vouloir