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Son pouls était faible ; mais le médecin s’applaudissait de ne pas y trouver le mouvement irrégulier de la fièvre. Ses joues ne se teignaient pas de cette rougeur pourprée qui apparaît ordinairement et fait tache au milieu de la livide pâleur des poitrinaires. Nous nous efforcions de lui communiquer nos espérances, et son père lui-même, que la mort de ses deux filles avait frappé d’une sorte de terreur, était plus assidu auprès de Marie ; mais si on cherchait à lui persuader qu’elle devait vivre, elle secouait la tête et gardait le silence. Elle semblait nous dire : « Il y a des secrets que les mourans savent seuls. »

Bientôt une lassitude profonde s’empara d’elle ; elle ne pouvait plus se lever dès qu’elle était assise. La mort paraissait vivre en elle. Quand nous l’avions placée sur le siége d’osier qui faisait face à la pelouse du château, ses membres fatigués, ses jointures sans ressort, ses nerfs détendus refusaient d’exécuter le moindre mouvement : il fallait la reporter dans son lit.

Le père avait repoussé, une année auparavant, les propositions d’un jeune étudiant d’Oxford, qui avait demandé Marie en mariage. C’était le fils d’un tory, et par conséquent un objet de haine pour le country