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d’une régularité frappante. Dénuée de tout pédantisme, mais douée de talens d’un ordre peu commun, d’une facilité de compréhension et d’une justesse d’esprit dont j’ai vu peu d’exemples, elle voulait, comme sa sœur, et comme la plupart des personnes que cette cruelle maladie a marquées du sceau funèbre, vivre beaucoup en peu de temps. L’étude et les arts occupaient toutes ses journées : elle vivait de cette flamme intellectuelle dont l’intensité et l’éclat augmentaient chaque jour. Ces progrès, auxquels la vie allait bientôt manquer, causaient plus d’effroi encore que d’admiration. Elle n’avait pas vu le monde, mais elle le devinait. Un remarquable instinct d’observation, d’ailleurs si commun aux femmes, s’était développé chez elle dans la solitude où elle avait vécu ; et, comme il arrive souvent aux solitaires, ses idées sur toutes choses étaient d’autant plus singulières et plus profondes qu’elle ignorait leur nouveauté : c’était de naïfs paradoxes.

Il nous arrivait assez souvent de parler d’ouvrages récemment publiés, et même du théâtre, qu’elle ne connaissait que par ses lectures.

« Voyez-vous, me disait-elle, il y a dans la plupart